Après le premier tour des élections municipales….
Note de l’EAN d’ « Ensemble ! »
Malgré des circonstances si exceptionnelles, le premier tour des municipales fournit quelques enseignements politiques importants. Les commentateurs médiatiques habituels ont voulu rapidement passer là-dessus et les faire oublier, tant ils contredisent leurs certitudes rabâchées. Certes l’abstention atypique, et exceptionnelle pour des municipales, rend difficile une analyse des secteurs de l’électorat qui ont le moins voté. Pourtant, dans une telle situation, ceux qui se mobilisent le plus sont ceux qui ont le plus de volonté et d’énergie pour venir dire ce qu’ils veulent et ce qu’ils rejettent. Et les messages qu’ils ont délivrés sont clairs et simples ;
- Les candidats soutenus par le parti présidentiel connaissent une déroute complète : un premier ministre au Havre menacé par un rassemblement citoyen et de gauche conduit par un député du PCF avec LFI, Ensemble ! et Géneration.S ; Un bastion de LREM à Lyon qui s’effondre ; une défaite d’A.Buyzin à Paris ; et, là où ils se présentait, LREM et ses alliés chutent lourdement. C’est bien une sanction de la politique de Philippe et Macron, de leurs réformes brutales imposées au 49,3 contre la majorité des citoyens. Si le scrutin était allé à son terme au second tour, le 49,3 citoyen serait apparu éclatant. En même temps, la droite classique, profitant de son implantation de parti ancien, récolte des résultats faibles comparés à ses espoirs de reconquête d’un électorat « phagocyté » par la version macroniste d’un ultra libéralisme qu’elle partage.
- Autre leçon, à la différence des élections des européennes, ce n’est pas le Rassemblement National qui récolte la colère sociale dans les urnes ; il obtient de bons résultats dans les quelques villes qu’il gère, et cela doit inquiéter, mais partout ailleurs où le RN a pu présenter des listes, il est en baisse, les questions « identitaires » ont été éclipsées par les exigences sociales. Le mouvement des Gilets Jaunes avait provoqué une colère encore confuse en termes d’expression politique l’an dernier, mais la fusion des Gilets Jaunes avec les fortes mobilisations sociales, syndicales, populaires, autour des réformes hospitalières, du chômage, et surtout des retraites, ont affinées les consciences politiques vers des remises en cause du système dans sa globalité.
- C’est vers la gauche que les électeurs se sont tournés. Une gauche convalescente, éclatée, mais qui réussit mieux quand elle est unie. Un mouvement citoyen s’est aussi affirmé dans plusieurs villes, même s’il a été parfois victime des divisions partidaires, où d’appellations « citoyennes » peu méritées. Sans parler du fait qu’aux municipales plus qu’à d’ autres élections, le choc des ambitions et les conflits autour des petits pouvoirs locaux à conquérir, ou les querelles de clocher sans grande différences politiques, ternissent la lecture politique des concurrences.
Mais on voit bien que c’est là où des rassemblements des uns et des autres ont été réalisés, là où les mouvements citoyens ont été pris en compte, que de bons résultats ont été obtenus , et que des rassemblements prometteurs se construisent.
Des commentateurs rapides ont cru voir une réédition de la vague « verte » des européennes. Pourtant, s’il y a une leçon à tirer du côté d’ EELV, c’est que nulle part une alliance vers des morceaux de droites, de centres, de macronistes, n’a été possible. Quand cela a été tentée, EELV a perdu du soutien auprès de ses électeurs. Et quand EELV a voulu s’imposer seul contre les autres forces de gauche, ils ont échoué à passer devant. Les résultats les plus significatifs d’EELV sont réalisés dans les villes où ils étaient en position d’être en tête d’un rassemblement des gauches et des dynamiques citoyennes. EELV a toute sa place dans un rassemblement à gauche et y apporte un élan décisif pour porter l’écologie aux côtés des autres forces de transformation à gauche. Mais seul, EELV ne peut être l’ alternative « ni à droite, ni à gauche » chère à Yannick Jadot depuis les européennes. Une leçon qui vaut d’ailleurs pour toutes les forces de gauche. Quand ils se présentent seuls, les Insoumis, ou le PCF, ou le PS survivant, enregistrent de mauvais résultats.
Rassemblés avec les autres à gauche, et sans imposer une hégémonie hors d’âge, ils réussissent à redonner de la force à une alternative de gauche dans les villes qu’ils conservent où reprennent. Il reste du temps pour s’unir d’ici au second tour en juin et amplifier les tendances du premier tour.
Tout cela indique aussi que ni le PS, ni le PCF, ni les Insoumis, quand ils prennent un profil unitaire d’opposants et d’alternative au libéralisme, ne sont morts et enterrés… Les prétentions du macronisme, qui voulait dégager le « vieux monde » , ses partis, ses « corps intermédiaires » syndicaux et associatifs, lui reviennent en boomerang, par le mouvement social et par les urnes. Gauche/droite, le retour.
Ce premier tour municipal n’était encore qu’une étape, un brouillon, vers ce qu’il faut faire. Il indique qu’une tendance profonde est en cours, que devraient sérieusement méditer les gauches et les collectifs citoyens pour l’avenir : une majorité d’ électeurs refusent le seul scénario qu’on voulait leur servir, celui d’un choix entre peste et cholera, entre Macron et Le Pen, et cherchent une alternative pour sortir du piège.
Celle-ci ne peut venir que de la combinaison d’un rassemblement des gauches recomposées et des initiatives de collectifs citoyens et d’acteurs des mouvements sociaux, sur des contenus à la hauteur des révoltes et des exigences des forts mouvements, sociaux et écologiques, qui ont ébranlé le pays ces derniers mois .
Gageons que les lendemains de la terrible crise sanitaire et économique qui s’annonce, et qui dévoilera de manière encore plus criante les carences et les limites du modèle libéral dans toutes ses dimensions, porteront plus fort encore la nécessité d’une alternative de rupture avec un système à bout de souffle.
Cette fois-ci, les gauches, les écologistes, et les mobilisations citoyennes n’auront pas le droit de se tromper, c’est par la recherche de l’unité et du rassemblement qu’une issue majoritaire est possible, et urgente.
L’Equipe d’Animation Nationale d’Ensemble