Charles Pasqua, un ennemi de classe...

Les seules choses terribles dans la mort de Charles Pasqua sont de savoir qu’il est décédé sans avoir payé pour ses exactions et de subir les hommages en son honneur jusqu’à la nausée.

Dans ce sinistre concert de louanges, le ton est donné par les ténors de la droite, les « humanistes » à la Juppé n’étant pas en retrait par rapport aux « durs » à la Estrosi. Mais à côté de ceux qui étaient après tout dans le même parti que Pasqua, il y a bien entendu Manuel Valls. Celui-ci joue d’un air strident son air favori « plus à droite que moi tu meurs/regardez comment je suis un homme d’Etat » sous les yeux embarrassés de certains députés du PS… qui préféraient un respect silencieux sans trop en rajouter. Ils sont tellement scandalisés qu’ils en twittent. Même au sein de la gauche de la gauche, il existe des voix atténuant le caractère odieux de ce personnage...

Pourtant, même quand ils demandent un modeste, peu coûteux et pacifique respect, ils se trompent.

Pour celles et ceux qui ont un minimum de conscience et de mémoire, Pasqua n’est pas devenu respectable parce qu’il est mort. Tout comme avec les années, il n’était pas devenu un vieux sage à la faconde méridionale que la presse bourgeoise essayait de nous vendre. Il était seulement un ennemi devenu plus âgé. Il n’en était pas moins un symbole.

En effet, jeter un coup d’œil au parcours de Charles Pasqua signifie faire une recension des coups tordus et des infamies connues du bras armé de la bourgeoisie française depuis plus de 50 ans.

Pasqua, c’est, avec son maitre Jacques Foccart, l’architecte de la Françafrique, le Service d'Action Civique (SAC), la police parallèle du mouvement gaulliste inséré dans l’appareil d’Etat et recyclant des éléments de la pègre pour agresser les mouvements d’opposition sociale et politique. C'est le massacre de la grotte d'Ouvéa en Kanaky.

Pasqua, c’est une politique anti immigrés constante symbolisé par la loi qui porte son nom

Pasqua, c’est la mort de Malek Oussekine tué par sa police qu’il a couvert lors de la répression des manifestations étudiantes contre la loi Devaquet.

Pasqua, c’est un nom qui a été mêlé à un bon nombre des affaires crapuleuses qui ont scandé l’histoire de cette Vème république vérolée et pour lequel il est passé devant la très accomodante Cour de Justice de la République (contrairement à un citoyen lambda): Sofremi, casino d’Annemasse, pétrole contre nourriture et fondation Hamon, affaire à l’occasion de laquelle pour laquelle il fit sa dernière apparition publique.

Pasqua, c’est tout cela et bien d’autres remugles malodorantes de la réaction française et rien d’autre. Il est mort et nous préférons porter le deuil de Malik Oussekine qui, lui, est parti à 22 ans.

Emre Öngün

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