Contre l’austérité et la répression, quels moyens ?

Le désaveu électoral n’arrête pas les dirigeants PS au pouvoir. Leur but est d’imposer la disparition des exigences sociales et populaires. Or, une partie du peuple refuse toujours de supporter les conséquences de la mondialisation libérale (dérégulation du marché du travail, stagnation du pouvoir d’achat, réduction de la protection sociale, etc.). Les « experts » de Terra Nova et autres officines néolibérales conseillent donc aux responsables PS de s’appuyer sur une nouvelle classe moyenne « moderne », c’est à dire gagnée au libéralisme. Le MEDEF applaudit. Valls, Hollande, aidés de Cambadélis, cherchent à imposer un Nouveau Parti, « démocrate », comme aux États-Unis.
Toutefois, la résistance, dans les rangs du PS, dépasse ce qu’ils avaient pronostiqué. Malgré leur chantage grossier, à l’adresse de leurs « frondeurs » : « vous ne serez plus députés si nous perdons la majorité », tout ceci durera-t-il jusqu’en 2017 ?
Quand un ministre « socialiste » veut traquer les chômeurs, cela heurte une majorité de l'électorat de gauche et même une grosse minorité de celui de droite ! Quand 50 milliards sont offerts aux patrons sans contrepartie, alors qu’ils seront compensés par la remise en cause du droit à la santé pour toutes et tous, on a dépassé le tolérable.
L'ampleur de la mutation organisée par le groupe dirigeant du PS et de l’État est telle que les stratégies anciennes ne fonctionnent plus : il ne suffit plus de « rééquilibrer la gauche », de gauchir une nouvelle majorité rouge rose verte qui existerait déjà. Il ne suffit pas, non plus, de radicaliser des mouvements sociaux pour arracher des revendications mettant en cause la logique de la politique néolibérale.
Ce pouvoir ne tiendrait pas sans jouer du carcan des Institutions de la 5e République. Seule une crise pourra mettre fin aux politiques d’austérité, inégales et répressives. Il faut changer les termes du débat politique sous peine de voir une réponse autoritaire (droite et extrême-droite) s'imposer.
Nous partageons cette conscience avec assez de forces militantes pour essayer de reconstruire l’espoir. Nous agissons avec le collectif Alternative à l’austérité (AAA) qui s’est donné pour tâche de réunir mouvement associatif, mouvement syndical et mouvement politique, afin de porter une alternative à l’austérité, dans le débat politique et dans la rue (Lire...).
Nous ne partons pas de rien. C’est un des apports du FDG : la tentative de marginalisation de notre camp, sa réduction à un rôle symbolique a échoué.
Changer les règles, changer la société
La déclaration adoptée par le Front de Gauche le 6 septembre le dit clairement : « Une refondation démocratique avec comme perspective la VIe République s’avère comme un moyen essentiel de sortie de la crise. Il est temps de redonner la parole au peuple par un véritable partage des pouvoirs et des responsabilités du local au national. Ce sursaut démocratique doit s’enraciner dans une mobilisation sociale et politique sans précédent (…) Le débat sur la politique économique et sociale du gouvernement provoque des fractures au sein même de la majorité gouvernementale. Aucun parlementaire de gauche ne peut voter la confiance à ce gouvernement. Comme le feront ceux du Front de gauche, ils doivent dire non au gouvernement Manuel Valls 2. »
À nos yeux, dans cette phase de mobilisation, les revendications (hôpitaux, retraités, budget, salaires, droits sociaux, services publics…) et la question des institutions ne se séparent pas.
La 5e République, de par sa constitution, donne à l'exécutif les moyens de s'émanciper de la volonté populaire... Mais, que des mobilisations et des discussions aient lieu pour une alternative et que tout se grippe, elle devient aussi une machine à produire l’isolement de l’exécutif. Une crise du système est alors possible.
Le mécontentement social et le désaveu culturel et politique présagent des mobilisations et les moyens de rassembler. Les prises de distance d'EELV ou de la gauche du PS, pour limitées qu'elles soient (des abstentions au lieu d’un vote contre au nom d’une autre politique) sont un élément positif et appellent l'ouverture de discussions nécessaires.
« Ensemble ! » propose donc des Assises contre l’austérité et pour la transformation sociale et écologique. Les règles institutionnelles ne se séparent par des « urgences sociales ». Un « mouvement » à part, ne remettant pas en cause la coupure entre le politique et le social, diviserait et freinerait les forces disponibles au lieu de rendre nécessaire une 6e République C'est la crise politique, créée par l’action de toutes les forces populaires, qui refusent la politique du pouvoir, qui mettra à l’ordre du jour une partie de L’humain d’abord, le Programme du Front de gauche daté de 2012, avec deux chapitres : « La République pour de vrai » et « Convoquer l’Assemblée constituante ».
Il faut changer la base sociale, démocratique, institutionnelle de ce système,. Pour parvenir à cet objectif comme le dit le texte d'Ensemble diffusé le 6 septembre (www.ensemble-fdg.org/content/sur-la-crise-politique-actuelle) « Le Front de gauche doit travailler avec toutes les forces progressistes qui, d’une façon ou d’une autre, sont critiques par rapport à la politique gouvernementale, que ce soit les courants critiques du PS et d’EELV, Nouvelle Donne, le NPA, et aussi, voire principalement, avec les forces du mouvement social qui sont prêtes à s’engager sur ce terrain. »
Le Front de Gauche existe et heureusement ! Il a tout son rôle à tenir, en faisant se regrouper et débattre celles et ceux qui mesurent l’urgence de rejeter cette politique, de donner la parole au peuple.
La gauche telle qu’elle est en a dégoûté beaucoup. Mais l’avenir dépend de celles et ceux qui luttent et qui prennent en main leurs vies. Comme l’écrit le collectif AAA « Si nous tous, citoyens et citoyennes, salarié-e-s, privé-e-s d’emploi, retraité-e-s, syndicalistes, militant-e-s associatifs et politiques, actrices et acteurs du monde de la culture et du sport, nous nous rassemblons, nous rendrons possible une alternative, une autre politique sociale et solidaire, écologiste et féministe, démocratique. »
Jean-Marie Fouquer