DÉCLARATION du COURANT Ensemble! Autogestion et Émancipation SUR CONTRIBUTION CN 18/19 SEPT 2021

DÉCLARATION du COURANT
Ensemble! Autogestion et Émancipation
SUR CONTRIBUTION CN 18/19 SEPT 2021
La contribution « Quelle orientation politique pour Ensemble ! ? » en vue du CN, à l’initiative d’un groupe de camarades exclusivement masculin, laisse une impression contradictoire.
La première partie de ce texte, pointant les grands traits de la situation nationale et internationale, se conclut par ce qui a été mis en lumière par les élections régionales et départementales, en oubliant cependant que l’abstention populaire et juvénile a aussi particulièrement concerné les femmes, puis en ne tirant aucune conclusion de la crise du système représentatif, une fois celle-ci mentionnée en quelques mots.
Peut-on se contenter d’observer cet élément essentiel, sans aucun approfondissement et sans aucune tentative d’en tirer le moindre enseignement ?
Quelles réponses pouvons-nous et devons-nous apporter à cette crise, y compris dans l’optique des prochaines échéances électorales ? Visiblement, au poids des lignes qui leur sont consacrées, ces échéances nous préoccuperaient-elles davantage en elles-mêmes que l’élaboration de telles réponses ?
Toujours dans la première partie de cette contribution, le propos sur les mobilisations en cours est bien trop lapidaire.
S'il est juste de dire que "les manifestations contre le passe sanitaire de cet été montrent le degré de colère et d’exaspération ambiantes, mais aussi la grande confusion qui en résulte", c'est un peu court !
En effet, plusieurs éléments y sont présents : une contestation justifiée du passe sanitaire, une contestation très ambiguë de la vaccination et des premiers vaccins anti-COVID mis sur le marché par les labos pharmaceutiques (de l'obscurantisme des anti-vaxx aux refus du caractère obligatoire de la vaccination), un déni de la parole scientifique mais aussi, dans certaines manifestations, des dérives inacceptables, racistes (antisémites), complotistes et outrancières (le slogan de « dictature sanitaire »), une présence fasciste et intégriste... et en l'absence des forces de gauche malgré la tribune unitaire publiée dans Libération le 22 juillet, un centre de gravité qui les déporte vers l'extrême-droite, sans que celle-ci soit à l'initiative de toutes les manifestations.
C'est bien cette confusion qui, selon les régions et à des degrés divers, domine et qui justifie de notre part le refus de participer à des manifestations appelées ou dominées par l'extrême-droite : pour autant, il y a urgence à ne pas se réfugier dans le commentaire, à prendre des initiatives distinctes et sur des bases claires (contre le passe sanitaire, pour la vaccination de masse, pour l’accès aux soins de qualité pour toutes et tous, pour l’augmentation des moyens et une politique alternative de santé publique, pour une recherche démarchandisée), dans le cadre de collectifs citoyens soutenus par toutes les forces organisées qui le souhaitent. C'est possible, comme l'ont mis en pratique plusieurs collectifs départementaux d'Ensemble ! Pourquoi la contribution ne le propose-t-elle pas, comme élément d'orientation ?
La seconde partie de la contribution est éclairante, en commençant par reprendre la formule de la droitisation du champ politique, exacte, pour aussi rapidement affirmer qu’elle influence la société.
Est ainsi passée sous silence le fait contradictoire que les aspirations à la solidarité et à l’égalité demeurent très fortes dans la société et que la droitisation du champ politique ne reflète pas ce qu’il se passe dans la société.
Certes, le texte s’empresse d’ajouter qu’il existe aussi des tendances progressistes et des résistances, mais elles apparaissent, du coup, bien secondaires...
Ainsi, les points d’appui pour une orientation à la fois unitaire et citoyenne, radicale et alternative, sont d’ores et déjà auto-limités et rabougris. On peut ajouter à cela que le travail en cours depuis plusieurs mois au sein de la commission stratégie n'est pas pris en compte par cette contribution...
On ne sera pas étonné, dans la suite du texte, une fois affirmé à juste titre que le problème majeur est celui du décalage entre ces aspirations et ce que propose la gauche, que ce que nous appelons la démarche citoyenne soit réduit à une sorte d’accompagnement de l’unité à gauche, alors que ce doit être l’inverse : la démarche citoyenne au cœur des processus électoraux (et meilleur moyen de les subvertir), et le rassemblement des forces politiques en appui d’une telle démarche.
La suite de la contribution nous dit que la gauche a su se rassembler au second tour des régionales en région parisienne, ce qui est certes positif… mais en oubliant de préciser que ce rassemblement n’a ouvert aucune dynamique ni politique ni électorale, en laissant de côté les exigences pourtant élémentaires , d’un point de vue démocratique et autogestionnaire, d’assemblées populaires citoyennes et, du point de vue de l’urgence écolo-climatique, de gratuité des transports publics !
Nous partageons les préoccupations unitaires s’inscrivant dans les initiatives et tentatives visant l’évitement de l’éparpillement et de la division à gauche pour les échéances électorales de 2022.
Nous sommes bien d’accord avec le propos selon lequel c’est la construction d’un mouvement par le bas qui a manqué jusque-là.
Mais le texte de cette contribution nous laisse sur notre faim : comment précisément amorcer sans attendre cette construction par le bas ? Comment asseoir une telle construction sans d’emblée lui donner la dimension pratique d’une démarche citoyenne ? Comment lui donner corps, en terme de contenus, sans fixer clairement l’objectif d’une alternative radicale aux institutions et donc, concrètement dans nos pratiques politiques, au jeu politicien de la V°république ?
Ces éléments, pourtant essentiels, sont absents de la contribution, de même que le levier, au sein de la gauche, que constituerait bien au-delà d’Ensemble ! la perspective de son dépassement dans une force de gauche alternative...
Pour le courant « Autogestion et Emancipation » :
Bernadette Bouchard (06), Danielle Carrasco (69), Collette Corfmat (75),
Bruno Della Sudda (06), Pierre Gayral (93), Gérard Laplace (13), Sylvie Larue (35),
Christophe Lemasson (22), Corinne Le Fustec (22), Noufisssa Mikou (94),
Dominique Resmon (29), Pierre Zarka (71)