Ensemble ! dénonce le coup d’État en Bolivie

Après trois semaines de protestations violentes dans tout le pays contre sa réélection et après avoir perdu l’appui des forces armées et de la police et sous la pression internationale, le président de la Bolivie, Evo Morales a démissionné de ses fonctions dimanche. Derrière les atours du respect de l'ordre constitutionnel, il s'agit incontestablement d'une forme de coup d'État qui fait écho aux "destitutions forcées" de mandataires au Honduras (2009), au Paraguay (2012) et au Brésil (2016).
Quelques heures plus tôt, Evo Morales avait annoncé sa décision de convoquer de nouvelles élections à la suite d’un audit de l’Organisation des états américains (OEA), qui avait pointé des « irrégularités » dans certains bureaux de vote. Mais cette annonce n’avait pas été estimée suffisante pour les leaders de l’opposition qui renouvelèrent leur exigence de démission au milieu de profondes tensions et d’agressions de fonctionnaires.
Cette démission est intervenue alors que l’opposition a refusé toute tentative de dialogue et a préféré solliciter l’intervention de l’armée et de la police. En France, les médias évoquent les débordements de « hordes du MAS » (Mouvement vers le socialisme) mais pas ceux d'une protestation civique prétendument pacifique qui a commencé par brûler les sièges des tribunaux électoraux régionaux et à engager des chasses à l’homme (et à la femme) contre les responsables du parti d'Evo Morales.
Le candidat de l’opposition de droite, Carlos Mesa, s’est fait déborder par Luis Fernando Camacho, président du Comité civique Pro de Santa Cruz, représentant la droite dure, catholique et conservatrice, dotée d'une longue expérience en matière de coups d'État, et qui rêve de "renverser l'indien" depuis le premier jour de son accession au pouvoir.
Ensemble ! ne sous-estime pas les manœuvres juridiques qui ont permis à Evo Morales de pouvoir se représenter après le référendum perdu en 2016, ou même l’interruption du dépouillement le 20 octobre dernier, qui a semé le doute sur la validité de l'élection, sans qu'il soit pourtant avéré, à ce jour, qu'une fraude organisée ait bel et bien eu lieu - le rapport de l'OEA lui-même conclue d'ailleurs en ce sens. Toutefois, Ensemble ! dénonce avec force la rupture de l'ordre constitutionnel en Bolivie et ce coup de force contre le gouvernement d’Evo Morales.
Ensemble ! dénonce les pressions à géométrie variable de la communauté internationale qui ont contraint Evo Morales à accepter toutes les conditions de l'OEA et de l'UE pour convoquer de nouvelles élections et le renouvellement du Tribunal Electoral, sans exiger de l'opposition le moindre respect de l'ordre constitutionnel.
Ensemble ! s’inquiète du climat de guerre civile orchestré par l’opposition et des actes de persécution et de violence envers les membres de l’exécutif bolivien, des dirigeants syndicaux et de leurs familles.
 
Le 12 novembre 2019

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