Face au G7, le G7EZ ! Hendaye-Irun du 19 au 26 août 2019

L'idée s'était insinuée que ce G7 de Biarritz serait une réunion pour rien, plus un monticule qu'un "sommet" !
Cela non sans raisons. Quelles réponses attendre aux multiples crises qui ravagent le monde actuel en l'absence des premiers concernés ? Parler du Donbass et de la Crimée, sans la Russie ni l'Ukraine ? De la Syrie, sans la Russie ni l'Iran ? Du Yémen et plus généralement du Moyen-Orient, sans ceux-là, ni l'Arabie saoudite, la Turquie, Israël ? De la menace de guerre économique, sans la Chine ? De l'avenir de l'Amazonie, sans le Brésil ? Etc.

Et quelle portée de discussions avec des chefs de gouvernement en grandes difficultés, voire en fin de mandat, Merkel, Conte, et Johnson empêtré dans le Brexit ? Et sur le tout l'ombre envahissante d'un Trump aussi omniprésent qu'imprévisible...

De surcroît la mise en scène orchestrée par Macron avait quelque peu relativisé l'importance de la rencontre. Celle-ci étant en partie occultée par le rendez-vous de Brégançon avec un Poutine faux vrai absent du sommet. Et surtout par la dramatisation obsédante des violences à attendre des manifestants anti-sommet, dont la présence ne pouvait être que parasitée par les hordes black blocks. D'où l'obligation de transformer Biarritz en bunker et de déployer des milliers de policiers pour filtrer les accès à la région...

De quoi précisément en cette fin août dissuader celles et ceux qui étaient décidés à dénoncer la politique des puissants de ce monde !

Reste qu'il ne faut jamais oublier que si ces mêmes puissants ont besoin de se réunir ce n'est pas pour rien. Même  l'absence de résultats tangibles peut être significative et non dénuée de conséquences. Ainsi de la porte claquée par Trump lors du sommet de Québec.

On saluera donc l'habileté de Macron qui a su faire du sommet de Biarritz une réussite diplomatique largement saluée comme telle. Et le talent avec lequel il se présente comme son maître d'oeuvre, donc méritant d'en être le principal bénéficiaire.

Il est vrai que Trump a accepté quelques accommodements à propos des politiques commerciales qu'il développe, et même de sa volonté d'isoler l'Iran, en supportant la "visite surprise" du ministre iranien.
La brutale confrontation avec Bolsonaro à propos des incendies en Amazonie conforte l'ambition de Macron de se présenter en champion de la défense de la planète.

Quant à la dramatisation excessive des risques de violence elle a permis de justifier un déploiement policier sans mesure et de présenter comme normales les dispositions autoritaires et répressives du pouvoir.
On ne saurait nier que le "multilatérisme" en perte de vitesse se voit quelque peu revigoré par ce sommet, ce qui n'est pas dans les conditions actuelles une mauvaise chose. Et c'en est une bonne de ne pas avoir laissé la cage dorée de Biarritz sans opposition, sans que soit indiquée une perspective alternative. Peut-on laisser croire que les "7" et leurs amis vont sérieusement défendre le climat et la biodiversité ? Voire qu'ils sont soucieux de combattre "les inégalités", thème officiellement au coeur du sommet (on croit rêver !) ?
Les forces progressistes issues des mouvements sociaux du Pays Basque et Attac ont pris l'initiative de constituer deux plate forme appelant en commun à la mobilitsation pour un contre sommet du 19 au 26 août à Hendaye-Irun : le G7EZ. Une centaine d'organisations ont apporté leur soutien, dont Solidaires, la Confédération paysanne, le Collectif national pour les droits des femmes et la Marche mondiale des femmes, Oxfam... Philippe Martinez a fait le déplacement pour participer à un des débats centraux.
Un certain nombre de partis politiques étaient représentés, dont EELV, le PG et LFI, le NPA. Ensemble! a participé au G7EZ avec les collectifs du Pays Basque et du Béarn et en tant qu'organisation nationale.
De multiples débats se sont déroulés dans plusieurs espaces. Et, malgré les difficultés provoquées par le dispositif policier, diverses initiatives ont eu lieu, ainsi qu'une belle manifestation ensoleillée, de 15000 personnes, le 24 août, entre Hendaye et Irun. Ainsi s'est faite entendre une autre voix que celle des puissants de ce monde, laquelle a porté l'exigence et l'urgence de politiques opposées à celles qu'ils incarnent.

Francis Sitel

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