A Fontenay-sous-Bois, la victoire ne doit rien au hasard

La campagne municipale de Fontenay-sous-Bois s’est conclue sur un résultat hors normes : 59,3 % des voix au second tour pour la liste Fontenay pour tous, et 36 élus sur 45 dont deux d’Ensemble ! (1 FASE et 1 GA). Une situation favorable à l’application d’un programme progressiste, qui intègre la remunicipalisation des services publics délégués.
Dans le paysage sinistré de l’ex-banlieue rouge, Fontenay-sous-Bois fait figure d’exception. C’est l’une des villes moyennes du Val-de-Marne (53 000 habitants) dont le Front de gauche a gardé la mairie, au sein d’une liste comprenant le FDG (PCF, Fase, Gauche anticapitaliste, Parti de gauche et citoyens), Europe Ecologie-Les Verts, le PRG, des dissidents socialistes et une association citoyenne.
Les ingrédients : une assemblée citoyenne du Front de gauche, qui se réunit régulièrement avec la participation de nombreux non-encartés, très active dans la lutte contre l’austérité, trois des partis du FdG (Fase, Gauche anticapitaliste, Parti de gauche) décidés à ne pas embarquer le PS dans les bagages, une section PS arrogante qui avait commencé de mener une campagne autonome sur des thèmes très droitiers.
Persuadés que la présence du Parti socialiste n’aurait eu que des effets négatifs, dès l’été 2013, nos trois partis avaient mené le débat dans le Front de gauche et lors des réunions des composantes de la liste pour refuser la présence du PS. Position devenue largement majoritaire dans l’assemblée citoyenne et probablement dans le PCF.
Pourtant, le maire sortant et la direction locale du Parti communiste souhaitaient fortement reconduire l’alliance « union de la gauche » existant depuis trente ans sur la ville, relativisant les critiques contre la politique du gouvernement et exagérant les menaces à droite. Lors des négociations engagées début février 2014 (sur injonction de la direction du Parti socialiste à sa section locale), entre le PS et la liste Fontenay pour tous, toutes les composantes de la liste s’opposèrent à l’exigence de la section socialiste de négocier avec le seul PCF, ce qui conduisit le PS à rompre. La Gauche anticapitaliste refusa de s’associer au communiqué de la liste qui disait regretter le départ du PS.
Notre campagne a pu continuer de se déployer sur la base d’un programme largement débattu (les 14 ateliers ont vu la participation de 200 personnes) réorienté vers l’objectif de faire de la ville un bouclier social contre l’austérité (voir http://fontenaypourtous.net/notre-projet-pour-fontenay). D’octobre à mars, distributions de tracts, porte-à-porte, réunions publiques, initiatives conviviales et festives ont irrigué tous les quartiers, jusqu’à la dernière minute, ce qui a permis de faire reculer l’abstention et d’être largement en tête au premier tour avec 48,40%. Une réserve malgré tout : nous aurions souhaité plus d’expression propre du Front de gauche au cours de la campagne et un matériel thématique plus incisif.
Au final, les ambitions de la droite et du Parti socialiste ont été contenues au-delà de ce que nous espérions. Après ses 13% du premier tour, le PS officiel s’est retiré en appelant à battre la droite, tandis que la liste ex-PS Modem (8%) se divisait sur la consigne de vote. Visiblement, la liste FPT a bénéficié du report d’une bonne partie des voix socialistes et mobilisé en partie les déçus de Hollande. Malgré une abstention qui reste forte (48%), la liste retrouve à 2 points près l’écart « gauche-droite » du second tour de la présidentielle.
Sylviane, Didier.
Didier Lévy, 65 ans, retraité de la RATP. Conseiller municipal délégué à la remunicipalisation des services publics délégués.