Impeachment de Dilma Roussef

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Eduardo Anizelli/ Folhapress

Phase finale de l’impeachment de Dilma Roussef, la présidente éloignée du pouvoir a dû, deux jours durant, répondre de son mandat face aux 81 sénateurs. Le processus, télévisé, et dont l’issue semblait déjà tranchée, a donné à voir une fois de plus l’illégitimité des institutions politiques brésiliennes à démettre de ses fonctions une présidente en exercice. Le « pédalage fiscal », considéré comme crime de responsabilité et qui a servi à justifié l’impeachment, à été légalisé vendredi, le lendemain même de la confirmation d’impeachment par le Sénat, preuve supplémentaire s’il était nécessaire que la manœuvre n’a rien à voir avec des préoccupations juridiques, mais si politiques, répondant à un besoin de la bourgeoisie d’imposer un néolibéralisme accéléré. Sommée de répondre à des accusations fantasques, donc, y compris devant un sénateur accusé d’avoir utilisé du travail esclave dans sa propre fazenda,  Dilma Roussef a dénoncé un coup d’Etat et a prédit une mobilisation sans pareil contre le gouvernement Temer.

Cet épisode, de fait, montre le pire de la politique brésilienne, en validant constitutionnellement un gouvernement non-élu, composé exclusivement d’hommes blancs et hétéros, concernés par de multiples affaires de corruption, et liés à l’élite économique du pays.

Devant ce triste spectacle, de nombreuses manifestations spontanées ont explosées ces derniers jours dans plusieurs villes, pour contester la procédure d’impeachment et la légitimité de Michel Temer en tant que président de la République, et pour appeler à des élections anticipées. Ces manifestations, rassemblant de nombreux jeunes et peu d’appareils syndicaux, se différencient nettement de celles ayant eu lieu durant la dernière séquence politique, plus traditionnelles et organisée pour grande partie par les soutiens du PT ; la répression par la police militaire n’en a été que plus forte, avec un grand nombre de manifestants blessés et arrêtés.

C’est bien un nouveau moment qui s’ouvre pour la gauche brésilienne, alors que les campagnes électorales municipales et préfectorales ont déjà commencé, là même où les alliances entre partis de centre-droite et gauche de gouvernement sont main courante. Or, il s’agira de faire face aux nombreuses attaques déjà formulées par ce gouvernement, contre le système de santé public, contre le financement des universités fédérales, contre le droit du travail, contre les populations indigènes et noire, contre les femmes et les LGBT. Avec la fin du gouvernement du Parti des Travailleurs, des bilans doivent être tirés pour ouvrir la possibilité d’une gauche radicale et rassemblée, mobilisant massivement, comme ce fut le cas en juin 2013.

Louise Poulain

 

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