Le chômeur paiera !

 

« Si on ne fait pas d’économies, dans 10 ans on n’aura plus de quoi indemniser les chômeurs » nous dit Pénicaud
 
Moins de chômeurs (indemnisés) moins de déficit: un calcul simpliste
Le projet a une cohérence : l’euthanasie des chômeur-euse-s -et en particulier des chômeur-euse-s à plein temps au sens du BIT- pour favoriser - comme l’a dit Pénicaud dans un lapsus révélateur – la précarité des emplois. Nous avons aujourd’hui des mesures supplémentaires – après les dispositions essentiellement répressives de la loi « choisir son avenir professionnel » et son décret encore plus répressif du 28 décembre : il n’y a dans ces textes que du contrôle et des sanctions contre les victimes du chômage.
Comme si les chômeur-euse-s étaient responsables du déficit et qu’il fallait qu’ils assument la très grande part des 3,4 milliards d’économies décidées par le gouvernement pour rentrer dans les clous du déficit . Ne parlons pas de la moitié d’entre elles-eux qui ne perçoivent pas d’allocations, personne n’ose leur reprocher de coûter cher. Mais les autres dont une majorité survit avec des allocations au seuil (ou en dessous du seuil) de pauvreté sont ils responsables de la baisse des ressources de l’UNEDIC ? Déficit créé par les mesures comme les suppressions d’emplois, la baisse des contrats aidés par exemple voulue par le gouvernement, la progression des bas salaires qui génèrent moins de cotisations . Sont ils responsables de la règle qui a dominé depuis des années les négociations : ne pas augmenter les cotisations ? Sont ils responsables de la multiplication des contrats courts et très courts qui pèsent sur les finances de l’assurance chômage ?
Ce gouvernement par des mesures qui exonèrent de surcotisations nombre d’entreprises grandes utilisatrices de contrats courts privilégie de faire payer les catégories les plus fragiles pour ne pas faire payer le capital : une simple réduction du CICE par exemple suffirait à faire disparaître si c’est tuile la dette de l’UNEDIC.
 
Quand ils payent leur bourreau
Le gouvernement – et les médias qui se contentent de relayer la propagande – cachent les réalités et préfère les mensonges. Il veut éluder sa propre responsabilité dans la situation de l’assurance chômage aujourd’hui.
C’est l’État, et les gouvernements qui ont contraint l’Unédic a  verser 10 % des cotisations collectées à un organisme appelé Pôle emploi. Ce versement représente à lui seul, avec plus de 3 milliards d’euros par an , 55 % de ses frais de fonctionnement : les salariés cotisants -et les chômeurs pour qui ça fait des sommes en moins pour l’indemnisation - financent Pôle emploi deux fois plus que le budget de l’État).
Sans ce prélèvement abusif, le budget serait excédentaire d’1 milliard., et l’assurance chômage pourrait se financer,  il y aurait même assez de ressources pour verser une prime exceptionnelle de 150 euros à chacun des 6 millions d’inscrits.
Ainsi des charges et des fonctions qui relèvent du budget ont payées sur les cotisations chômage. Il reste aujourd'hui les cotisations dites "patronales" -1 ne sont que du salaire socialisé : ce qui n’empêche pas le MEDEF de réclamer la baisse de ses « charges patronales » donc une baisse du salaire et une nouvelle baisse de l’indemnisation !
Si l’Etat remboursait sa dette vis à vis de l’UNEDIC il y aurait de quoi améliorer l’indemnisation ! Mais ce n’est pas tout.
 
Hold up

L’an dernier, le gouvernement a détourné 6 milliards d’euros… pour financer son budget  : en prélevant la hausse de la CSG en janvier quand la baisse des cotisations était en octobre, il a empoché au détriment de l’UNEDIC 8 mois de CSG... pendant qu’il multipliait les cadeaux au capital . Cet impôt supplémentaire a permis d’accaparer indûment près du double de la somme annuelle qu'il veut récupérer  avec sa réforme !
 
Quelle urgence ?

Les prévisionnistes de l’Unédic,dans une étude publiée l’an dernier jugent probable un retour à l’excédent : https://www.unedic.org/espace-presse/actualites/avec-le-ralentissement-d....
Dès lors où est  l’urgence à réduire plus rapidement la dette en rognant les droits des allocataires ? Aucune réponse de Pénicaud ? Philippe ou Macron. Cyniquement ils profitent du déficit, largement médiatisé et dramatisé comme le fait Pénicaud en évoquant la continuité de l’indemnisation : aucune projection ne laisse paraître la fin de l’indemnisation dans 10 ans. Ils instrumentalisent ce déficit -que leurs décisions ont créé et maintiennent - pour réduire les droits et les revenus des chômeurs.
 
Premiers de cordée et assurance chômage
D’ailleurs les déficits de l’Unédic ne sont un problème pour tout le monde en particulier les amis « premiers de cordée » qui en profitent. Contrairement à ce que nous disent les gouvernants , au lieu de passer par le soutien du budget de l’Etat, l’Unédic a émis 35 milliards d’euros titres sur les marchés financiers ,
Certains ont acheté de la dette Unédic et s’enrichissent de 400 millions d’euros annuels d’intérêts. … L’assurance-chômage est aussi devenue un investissement lucratif. Il serait intéressant  - mais c’est soigneusement caché- de savoir qui est derrière le fonds luxembourgeois qui détient 8 milliards d’euros en titres de l’Unédic…)
En avril 2108 le Rapport intermédiaire par le Groupe d’Audit Citoyen de la Dette de l’Assurance Chômage (GACDAC) deamndait au gouvernement de faire la transparence sur cette dette : le gouvernement n’a rien fait bien sur https://static.mediapart.fr/files/2018/04/30/audit-dette-assurance-choma...
 
le chômeur le mieux payé d’Europe : un mensonge de plus !

Enfin l’argument massue pour la réduction des droits, consiste à dire que l’indemnisation française est très supérieure à ce qui se fait partout en Europe
Selon une étude du trésor public (ministère des finances) l’indemnisation n’est pas spécialement généreuse par rapport autres pays européens. En Belgique, en Italie, au Portugal, au Luxembourg, en Suisse ou en Allemagne (avec enfant), le montant d’indemnisation-chômage à l’inscription est plus élevé qu’en France qui est légèrement en dessous de la moyenne européenne. https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/06acf002-014b-4dd5-bff5-bee...
Le revenu de remplacement des chômeurs en France provient principalement des allocations chômage qui sont effectivement plus élevées. Mais dans d’autres pays d’autres dispositifs d’aide ( exonérations d’impôts , allocations familiales, autres aides ) viennent s’ajouter pour donner un revenu de remplacement global plus élevé dans 8 pays.
Il est à craindre que avec le RUA, et l’augmentation des non-indemnisés par l’UNEDIC, l’ensemble des revenus de remplacement soient tirés à la baisse puisque les mesures contre la pauvreté seront à budget constant.
 
 
1n’ont presque pas évolué depuis 2003, à part une contribution exceptionnelle qui devrait prendre fin en 2020

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Auteur: 
Adanet