Loi Macron, 49.3 Quel chat en ce sac ?
La sagesse populaire nous l'a appris : on n'achète pas un chat en sac !
La loi Macron a tout l'air d'un sac de nœuds. Une « loi fourre tout », comme l'avait qualifiée Jean-Christophe Cambadélis en décembre.
Un fourre tout plein de douceurs pour le patronat et les fanatiques de la dérégulation, et de poison pour les salariés. Mais, comme l'a expliqué François Hollande, ce n'est certainement pas « la loi du siècle ». Personne en effet n'imagine qu'elle permettra d'améliorer la situation économique et l'emploi. Espoir qui aurait autant de pertinence que de croire que Macron a quelque chose à voir avec la gauche.
N'empêche qu'avec cette loi, si l'on oublie que les travailleurs ont pas mal à perdre, il faut reconnaître que le gouvernement avait beaucoup à gagner. N'était-ce pas pour lui, porté par l'élan d'union nationale du 11 janvier, l'occasion d'une belle démonstration politique ? Sur sa droite, personne n'est vraiment hostile à cette loi. Les reproches se limitent à souligner qu'elle ne va ni assez loin ni assez vite, ce qui est reconnaître qu'elle nous met sur la bonne voie.
Sur sa gauche, les contestations sont parfois plus vigoureuses, mais les contraintes parlementaires et l'approche d'un congrès du Parti socialiste limitent la fronde à demander quelques assouplissements . Lesquels concédés devaient permettre de faire approuver la loi, sans quelques voix de gauche, mais avec quelques voix de droite. Bref montrer une gauche pas trop dispersée et une opposition pas vraiment opposée... Pas de quoi faire rêver, mais un beau bénéfice à empocher.
Alors, quelle mouche a piqué un Manuel Valls qui, menton en avant et verbe haut perché, dégaine le 49.3 ? Cette arme de destruction massive du débat parlementaire. La pire dans l'arsenal antidémocratique bien fourni de la Vème République. Par ce coup de force, dilapidé le capital politique du 11 janvier, revigorée la droite qui s'offfre une motion de censure, excédés des élus de gauche qui votent la censure ! Et fracturé le PS au sein duquel certaines et certains auront quelque difficulté à digérer l'humiliation subie et à admettre les intimidations brandies en leur direction.
Où est-il le mistigri ?
Comme le fait remarquer finement un éditorialiste du Figaro, « Manuel Valls incarne l'autorité – - comme Nicolas Sarkozy à droite ». Et voici pourquoi Manuel Valls a osé le 49.3. Et clame qu'il est prêt à recommencer, dès lors que côté socialiste d'aucuns feraient mine de rompre le rangs.
Qui c'est le vrai chef ?
Manuel Valls n'est pas caractériel, il n’a pas cédé à une crise passagère d'autoritarisme. Il agit en connaissance de cause. Sachant que « la gauche peut mourir », il se présente comme disposant du remède et de la méthode : imposer à cette gauche mal en point le remède de cheval d'une grande mutation, cela au moyen d'une certaine brutalité.
Des griffes et des dents, oui... Mais pas un chat ! Un postulant à ce rôle d'homme providentiel indispensable à cette Vème République qui ne veut pas mourir...
Francis Sitel