Lyon, solidaires des migrant-es
POUR LE RETRAIT DU PROJET DE LOI ASILE IMMIGRATION
Le projet de loi Macron-Collomb “asile immigration” a été voté à l’Assemblée Nationale. Pour être adopté, il doit être voté au Sénat en juin. Il faut imposer le retrait de ce projet xénophobe et liberticide. Il va aggraver la situation de tous les étrangers exilés : rendre l’asile impossible, renforcer les contrôles, le fichage, le tri et l’enfermement, y compris des enfants.
Au moment où Macron mène la guerre sociale contre le monde du travail, contre les jeunes, il s’agit de diviser les classes populaires en faisant des étrangers des boucs émissaires.
Ce projet qui renforce la politique liberticide et sécuritaire est une menace pour toutes et tous.
RASSEMBLEMENT Place des Terreaux 7 juin 18h30
LIBERTÉ de CIRCULATION et D’INSTALLATION
STOP DUBLIN : NI RÉTENTION, NI EXPULSION
RÉGULARISATION de TOUS LES SANS-PAPIERS
DU REJET DE LA LOI DE PLOMB CONTRE LES MIGRANTS A L’ESPOIR FRAGILE DES ETATS GENERAUX DES MIGRATIONS
L’opinion publique est loin d’être acquise à la cause des exilés et des migrants. Mais une prise de conscience grandit au fur et à mesure des mobilisations et luttes de résistances, tant nationales que locales, contre la politique migratoire du gouvernement Macron-Collomb, qui inquiète jusqu’à certains élus de la Majorité. Il s’agit d’une politique française de plus en plus répressive et discriminatoire, plusieurs fois condamnée par les institutions humanitaires internationales.
Depuis plus d’un an ce sont des débats de fond sur la loi Collomb portant sur l’immigration et l’asile, des journées de réflexion sur son contenu portant gravement atteinte au droit d’asile et aux droits fondamentaux des étrangers, des mobilisations pour soutenir les réfugiés qui risquent toujours plus leur vie pour franchir les frontières - et parfois la perdent. Des mobilisations également contre le "délit de solidarité" comme dans la Vallée de la Roya en défense de Cédric Herrou ou dans les Hautes Alpes en soutien aux "3 de Briançon" alors que l’extrême-droite identitaire qui a mené une action commando de fermeture de la Frontière au Col de l’échelle et s’institue auxiliaire de police dans la traque aux migrants n’est pas poursuivie devant les tribunaux !
Il en résulte un climat de polarisation entre "anti" et "pro" migrants. Pour les premiers c’est la voie des peurs et des fantasmes sur "l’invasion" et " l’appel d’air" alimentée au plus haut niveau de l’Etat. Cette voie de l’amalgame, de la xénophobie et de la division conduit à l’impasse du "tri" entre "bons" et "mauvais" migrants, c’est-à-dire à l’exclusion et à la haine. Cette politique du Ministre de l’intérieur et du gouvernement fait le jeu de l’extrême-droite et de la droite extrême.
A l’inverse, l’analyse du fait migratoire qui est un phénomène lié à la mondialisation néo-libérale, et qui ne touche que marginalement l’Europe, démontre une toute autre réalité : l’Europe pourrait très bien au niveau de chacun de ses Etats membres et de manière coordonnée se répartir l’effort de solidarité et d’accueil des migrants et demandeurs d’asile par une autre politique migratoire basée sur le droit du sol avec une politique de régularisation massive des sans papiers ; une politique d’hospitalité fondée sur la libre circulation et un accueil digne (hébergement, scolarisation, droit au travail). Des municipalités, en particulier rurales, qui au départ regardaient d’un mauvais œil l’arrivée de réfugiés dans des foyers, regrettaient ensuite leur départ tant ils avaient contribué à redynamiser la vie communale et le vivre ensemble, une fois les préjugés dépassés dans le lien social quotidien (à l’école, sur les terrains de sport, dans les fêtes et les activités culturelles partagées). La solidarité avec les migrants et demandeurs d’asile ne relève donc pas du seul humanisme et les politiques migratoires sont des choix fondamentalement politiques reflets d’une visée de société et de civilisation.
Comment interpréter autrement la démarche des "Etats Généraux des Migrations" lancés il y a 8 mois avec 106 assemblées locales –dont une à Lyon le 27 avril-, et dont la première session plénière nationale s’est tenue les 27-28 mai à Montreuil avec 500 représentants qui ont adopté un Communiqué qui s’achève ainsi : "Cette assemblée plénière marque la première grande réussite des Etats Généraux des Migrations, processus qui ne cesse de s’élargir et regroupe aujourd’hui plus de 1600 organisations locales et nationales. Les participant.e.s ont décidé de poursuivre ce processus collectif pour résister aux discours xénophobes qui gangrènent la politique française et alimentent le racisme. Mais également pour aller plus loin dans la construction d’une politique migratoire alternative et créer un mouvement d’opinion. Toutes ces associations et collectifs sont aussi mobilisés pour dénoncer le projet de Loi Asile et Immigration qui sera prochainement débattu au Sénat, loi qui constitue l’antithèse répressive et dégradante du Manifeste des Etats Généraux des Migrations."
Plus d'infos sur https://eg-migrations.org/
Comme dans toutes les grandes agglomérations, et dans les régions frontalières de Nice et des Alpes, l’agglomération Lyonnaise a connu cette année une vague de mobilisations incessantes, dans les domaines de la scolarisation, de hébergement, de la régularisation, des jeunes mineurs isolés et des jeunes majeurs sans papiers, des demandeurs d’asile....
Cette solidarité active envers les migrants et réfugiés a été impulsée principalement par des acteurs non institutionnels tels que la CIMADE, LDH, CLASSES, RESF, Jamais sans toit, Agir Migrants, Squats comme l'Amphi Z, la Maison Mandela, La Cabane ...
Les mobilisations unitaires (rassemblements et manifestations) ont été portées principalement à l’appel du « Collectif 69 Solidarité migrants et réfugiés» dont Ensemble! 69 est membre et de la CUM (Coordination Urgence Migrants) rassemblant des associations chrétiennes et laïques avec participation individuelle de membres d’Ensemble! 69.
Avec une mention particulière pour les Etats Généraux des Migrations tenus à Lyon les 28/29 avril et les marches solidaires.
Quelques illustrations dans ce dossier qui ne prétend pas rendre compte de toutes les expériences de luttes et d’accueil, ni de tous les acteurs qui s’impliquent dans ce mouvement citoyen de solidarité qui dépasse la stricte sphère militante et commence à toucher l’opinion publique.
Où est l'invasion ?
Il y a 244 millions de migrants internationaux dans le monde :
* 80 millions d’Asiatiques sur un continent qui compte 4,5 milliards d’habitants
* 39 millions d’Africains dans des migrations essentiellement inter-africaines ( à 90%).
* 62 millions d’Européens (40 millions pour l’Union Européenne) ... où on parle "d’expatriés".
Où est « l’invasion » ? D’autant que depuis 2013 les mouvements migratoires sud-sud dépassent les mouvements migratoires sud-nord.
Etats Généraux des Migrations
Les EGM, Etats Généraux des Migrations, regroupant des centaines de collectifs et assemblées locales ou nationales présentes aux côtés des personnes étrangères se sont réunis les 26 et 27 mai à Paris. Au préalable, dans les grandes villes, des assemblées locales se sont tenues avec les acteurs mobilisés, les associations, les collectifs, syndicats engagés pour la défense des personnes étrangères.
A Lyon le 28 avril, ateliers et table-rondes ont permis de récolter des propositions pour une politique alternative emprunte d'humanité et de respect de la dignité.
Cette première session plénière des EGM a établi un manifeste composé de 10 principes, dont les principaux sont :
• un accueil digne des nouveaux arrivants.
• un respect du droit d'asile effectif qui ne soit plus prétexte à une logique de tri.
• vers une égalité des droits entre Français.e.s et Etranger.ère.s présent.e.s sur le territoire
• une reconnaissance des initiatives citoyennes dans l'accueil et le soutien aux personnes étrangères.
• une modification des règles concernant l'accès au territoire français et des politiques européennes et internationales.
lien https://eg-migrations.org/Manifeste-des-Assemblees-Locales-reunies-pour-...
L'hébergement
Les associations et les collectifs de soutien aux migrants-réfugiés ont dû déployer une activité sans faille, sans faiblesse, tout au long de l'année et d'autant plus depuis ce printemps.
La sortie du plan froid a mis à l'épreuve de nombreuses familles et personnes isolées qui sont plongées de nouveau dans l'angoisse de la rue. En mai la caserne Chabal, la Sarra, le foyer de Bron, centres d'hébergement temporaires, ont "renvoyé" un nombre important de personnes démunies et désemparées. D'autres avec enfants en bas âge ont pu bénéficier de nuits d'hôtel comme pour adoucir un dispositif froid et inhumain.
Le collectif Jamais sans toit remet en route les occupations d'écoles en réponse à la gestion kafkaienne de cette sortie de plan froid et organise une quinzaine de mobilisation autour des élèves sans toit.
Par ailleurs les divers squats anciens ou ouverts cet hiver jouent un rôle indéniable se substituant à l'Etat défaillant non comme objectif principal mais par nécessité incontournable.
Hélas les squats sont en danger : les expulsions sont d'actualité, la vague inhumaine ne faiblit pas telle l'expulsion révoltante de la Cabane le 29 mai alors que nous attendions une décision du Juge des Expulsions (le JEX) en juillet ... Les 50 mineurs isolés délogés manu militari le matin, et suite à la pression du collectif de soutien, ont été recueillis dans un autre bâtiment (comme quoi, quand on veut on peut !) et seront reçus par Forum Réfugiés les prochains jours.
De même Sésame, antenne du Secours catholique a dû fermer ces jours-ci.
La menace d'évacuation pèse sur la Maison Mandela à Villeurbanne, le procès aura lieu le 11 juin, la Métropole est déterminée en relançant ce deuxième procès. Le maire de Villeurbanne n'est pas opposé à la signature d'une convention temporaire mais le Préfet n'en veut pas, il n'aime pas les squats semble t-il .
L'Amphi Z n'est pas poursuivi aujourd'hui mais pour combien de temps encore ? Croisons les doigts.
L'été 2018 sera aussi chaud que l'été 2017 et pas seulement au plan météorologique ! Notre soutien qui est multiple et qui agit de plus en plus en convergence ou concertation, la lutte par conséquent et cet élan de solidarité vivace sont là en permanence. Ne jamais baisser les bras et développer nos forces c'est comme cela que la Résistance gagnera des victoires.
Les "Dublinés"
Ce sont les migrants déjà enregistrés dans un premier pays européen lors de leur arrivée au sein de l'Union Européenne. C'est dans ce pays d'arrivée qu'ils doivent formuler leur demande d'asile.
L'exécutif veut pouvoir les renvoyer dans le pays responsable du traitement de leur demande (souvent l'Italie) et pour cela les placer en centre de rétention du fait du risque de fuite.
A Lyon un grand nombre de migrants subissent l'application des accords de Dublin et sont concernés par ce que l'on appelle "le transfert", une impression de couperet qui tombe ... Demain il faudra faire sauter ce verrou.
Il a été décidé de ne plus subir en allant à la rencontre du Préfet avec des dossiers très complets relatant le trajet depuis le pays de départ, les embûches, les dangers, les menaces, les raisons du choix de la France (souvent c'est la langue), le projet d'installation sur notre territoire avec l'espoir d'une levée de la procédure Dublin, dit "dé-dublinage" en faveur de certains des migrants dans une première étape. Cette démarche volontariste pourrait se renouveler maintes fois, le nombre de situations à examiner étant élevé.
Un rendez-vous est demandé au Préfet pour le 20 juin avec rassemblement des soutiens le plus massif possible en attendant le retour de la délégation.
C'est une nouvelle bataille à mener et à gagner.
Les mineurs isolés
Leur situation à Lyon n’a cessé de se dégrader depuis l’été dernier. On le sait, c’est la MEOMIE (Mission pour l’Evaluation et l’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers) qui doit s’en occuper, sous la responsabilité de la Métropole et de l’aide à l’Enfance. Depuis l’automne, les rendez-vous des mineur-e-s isolé-e-s avec cette structure sont de plus en plus tardifs, contraignant ces jeunes, laissés sans hébergement ni ressources, à vivre dans la rue. Beaucoup ont, heureusement, été logés par des habitants ou des associations. Mais c’est bien à l’Etat et à la Métropole que revient l’obligation de protéger les enfants mineurs, étrangers ou pas. En cas, de plus en plus rares, de prise en charge des ces mineurs par la MEOMIE, la solution a souvent consisté en un logement à l’hôtel, sans scolarisation ni contact avec des éducateurs. Le rôle de RESF a été déterminant dans l’inscription de ces jeunes dans les établissements scolaires.
Rappelons que l’idée fixe des gouvernements successifs concernant les mineurs étrangers est d’abord de démontrer qu’ils ne sont pas mineurs en s’appuyant sur les fameux « tests osseux », très peu fiables de toute évidence. Ceci pour pouvoir les renvoyer dans leur pays d’origine. Il serait injuste d’incriminer ici le personnel de la MEOMIE, qui ne peut, à lui seul, venir à bout d’une situation que les décisions du pouvoir font tout pour compliquer. C’est bien la politique de Collomb & Co à l’égard des migrant-e-s, notamment des plus jeunes qui crée les dysfonctionnements dont sont victimes les mineurs et les personnels assurant leur prise en charge. Le 17 mai dernier, le Collectif AMIE (créé par la Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde, RESF et la Cimade) dénonçait, dans un communiqué, le fait que la Métropole ne protégeait plus les mineurs isolés étrangers malgré le dévouement de personnels surchargés de dossiers et de quelques -rares- élus. L’AMIE décrivait l’engrenage dans lequel les mineurs isolés ont été sciemment placés : renvoyés d’un rendez-vous à l’autre, attendant dans la cour devant la MEOMIE, quelque temps qu’il fasse, se révoltant au bout d’un certain temps, provoquant des « incidents »qui amènent la fermeture de la structure pour tous les jeunes. Ensuite ces « incivilités » deviennent le problème majeur, sans que la Métropole ne songe à s’interroger sur leurs causes. C’est donc bien volontairement que la Métropole met ces mineurs en danger, n’assurant, en matière de santé et d’éducation, aucun des devoirs qui sont les siens (cf Convention internationale aux Droits de l’Enfant adoptée par l’ONU en 1989 et ratifiée par la France en août 1990).
La Métropole a finalement décidé de confier à une association la mise à l’abri et l’évaluation de ces mineurs. C’est Forum Réfugiés qui a été choisi pour ce faire. La mise en place de la prise en charge de ces jeunes par Forum Réfugiés se fait difficilement pour des raisons budgétaires (il faut accueillir plus de monde avec moins de moyens) et parce que Métropole et Préfecture compliquent beaucoup la tâche. Le 6 avril dernier, la CGT (Santé et Action sociale) appelait à la grève les salarié-e-s de Forum Réfugiés pour dénoncer, en plus de la dégradation de leurs conditions de travail, le recul constitué par la loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif ». On se trouve donc devant une situation bloquée pour les mineurs isolés étrangers, qui risque de s’aggraver encore, malgré toutes les bonnes volontés. Alors que l’accueil, la scolarisation, la formation de ces jeunes coûterait finalement beaucoup moins cher à l’Etat que tout le système répressif actuel. Ces jeunes, comme tous les autres migrant-e-s, vont , plus que jamais être les victimes de la volonté de Collomb-Macron de renvoyer un maximum de sans-papiers et de déboutés du droit d’asile, parfois au péril de leur vie, et de se débarrasser, sur d’autres pays européens, des migrants relevant des accords de Dublin.
"Un migrant qui sauve un enfant est un héros, mais ... qui sauve un migrant est un délinquant"
Dossier coordonné par Armand Creus, Danielle Carasco, Marguerite Backès-Marx