Pour faire entrer le concept d’activité dans la pratique politique

Les ergonomes parlent d’arbitrage(s), les psychologues du travail parlent de dilemme(s), le philosophe Yves Schwartz parle de « dramatique d’usage de soi ». Il s’agit de mettre un mot (et plus qu’un mot, un concept) sur un constat que font depuis plusieurs décennies les disciplines qui s’intéressent au travail tel qu’il se réalise : la personne qui travaille est de façon continue en train de faire des choix, des micro-choix, qui la plupart du temps passent inaperçus des autres mais souvent aussi d’elle-même. L’analyse du travail fait émerger ces micro-choix et des quantités d’études existent désormais sur cet « écart entre le prescrit et le réel », théorisé au début des années 1970, désormais relativement connu (à plus ou moins bon escient) et pourtant obstinément ignoré des « sciences » du management ou de l’organisation. Les neurosciences l’ont, depuis, confirmé : nous passons notre temps à prendre des décisions[1].
« Activité » est, dans les milieux de l’intervention sur le travail, le terme générique qui évoque cette incessante tentative d’avoir prise sur le monde. En tant que concept, c’est un chantier de discussions pour comprendre de mieux en mieux ce que fait l’être humain lorsqu’il travaille. Pour Yves Schwartz, qui construit depuis 30 ans une œuvre philosophique autour du travail (à l’opposé de l’idée d’Hannah Arendt qu’il n’y a rien à voir dans le travail, par opposition à l’action), « activité » a débordé la question du travail et l’approche s’est en quelque sorte retournée : l’activité de travail nous permet de comprendre l’activité humaine « en général ». L’objet de cet article est de soutenir qu’une pratique politique qui a pour enjeu et objectif l’émancipation humaine a toutes les raisons de s’intéresser à ce qui est en train de se penser sur l’activité. Un exemple (1) permettra de matérialiser le contenu de ce concept (2) pour interroger ensuite son absence dans la pratique politique (3).
Un révélateur de l’activité
L’exemple c’est celui de la pratique du « fini-parti » dont un juge vient de dire, à Marseille, à propos des éboueurs qu’elle est « susceptible d'avoir une influence sur la qualité du service rendu »[2]. Le fini-parti est un système de travail, en général une règle d’usage, qui veut que lorsque la tâche du jour est terminée, le salarié puisse partir avant l’heure de départ prévue par son contrat de travail. Autrefois assez répandu, il a perdu du terrain mais existe encore par exemple chez les éboueurs, l’actualité l’a rappelé, ou chez les facteurs, sur lesquels je vais appuyer mon propos. La tâche d’un jour habituel, pour un facteur, c’est de distribuer tout le courrier du « quartier » (on parle de quartier-lettres, un ensemble de quartiers bien sûr) dont il a la charge. Un facteur commence en général son travail très tôt le matin (avant de distribuer le courrier il prépare sa tournée, ce qui passe par une étape collective puis individuelle de tri du courrier). Selon la quantité de courrier à distribuer, selon aussi sa vitesse de distribution et les aléas qu’il rencontre, il terminera plus ou moins tôt la distribution. A la fin de sa tournée, il revient en toute hypothèse à la plateforme de distribution du courrier pour quelques opérations. Et il est donc entendu qu’une fois le travail fini, il peut partir même s’il n’a pas atteint l’heure normale de fin de service (d’où le nom courant de « fini-parti »).
Or, ce système est devenu difficilement compatible avec diverses évolutions. La baisse du courrier, dirait d’abord la direction[3]. A organisation constante, compte tenu de la baisse du trafic, les facteurs travailleraient de moins en moins longtemps. En réduisant le nombre de facteurs (par le non remplacement lors de départs, retraites ou mutations), on élargit le périmètre de chaque tournée, en contrepartie du fait que le facteur est moins chargé sur sa tournée habituelle. Cette évolution vers des tournées plus longues a cependant des limites. Parmi elles, le métier connaît des conditions objectives et subjectives de pénibilité (intempéries, conditions de circulation, avancée en âge…) qui font obstacle à l’allongement indéfini des parcours. Par ailleurs l’entreprise fonctionne encore sur un modèle de qualité incompatible avec une perte totale de la relation de proximité avec les usagers/clients. Mais La Poste ayant changé de statut, la recherche de rentabilité fait, comme partout, de plus en plus pression. La direction combine donc diverses façons de réduire ce qu’elle considère comme « charges de personnel » : embauche[4] de salariés précaires pour remplacer les facteurs, en cas d’absence, au ras du nécessaire, mise en place d’un système qui oblige les facteurs à se répartir la tournée d’un facteur absent, réorganisations fréquentes pour reconfigurer les tournées avec moins de postes, etc.
Dans ces conditions le fini-parti commence à devenir un système encombrant car il rend les facteurs encore plus rétifs à l’allongement des tournées (fatigant en lui-même), a fortiori sans contrepartie en matière de salaire ou d’amélioration des conditions de travail. Le système n’est pourtant pas encore remis en question. Il est difficile de s’y attaquer frontalement car il est une composante « culturelle » du métier, et surtout, même encombrant, il n’est pas tout à fait inutile pour la direction : tant que des facteurs finissent leur journée de travail plus tôt, cela semble indiquer qu’ils ne sont pas (assez) chargés, donc on peut continuer à supprimer des postes. Cela permet aussi de cultiver l’idée que le métier est très lié aux caractéristiques individuelles (on est plus ou moins rapide, plus ou moins endurant, plus ou moins efficace, indépendamment, prétend la direction, de l’organisation du travail). Corollaire : le système a pour effet de tendre à enfermer chacun dans un rapport très individualisé à son travail. La direction peut alors soutenir que les facteurs sont des individualistes forcenés, demandeurs avant tout qu’on les laisse tranquilles sur leur tournée et peu enclins à participer à des discussions sur l’avenir de la Poste.
Ce qui rend ce système très significatif pour comprendre le concept d’activité, c’est précisément qu’on peut voir à l’œuvre (en y regardant de près, bien sûr) les « arbitrages », les micro-choix, qui peuvent transformer du tout au tout l’ambiance d’une plate-forme de distribution du courrier. Pour comprendre, il faut avoir en tête que, comme toute personne qui travaille, le facteur anticipe le déroulement de sa journée en fonction de nombreux critères. S’il est expérimenté, cela paraît se faire de façon « automatique », mais c’est en fait le produit d’une construction de son activité de travail. Sans exhaustivité : la configuration de sa tournée (urbain, semi-urbain, campagne, montagne, cités clôturées, commerces, bureaux, etc.), la connaissance qu’il en a (tournée faite depuis longtemps ou non, usagers plus ou moins demandeurs de contacts, quartiers en renouvellement, etc.), sa forme physique et morale (ses maux chroniques éventuels, son âge, etc.), l’environnement organisationnel (l’état de son véhicule, une tournée allongée ou pas, une bonne préparation des recommandés…), ses activités hors travail (qui rendent son horaire de départ impératif ou non, qui lui occupent aussi plus ou moins la tête…), son rapport aux usagers/clients (ce qu’ils lui demandent, mais aussi ce qu’il a envie de « donner » dans la relation à la fois humaine et professionnelle… ), les conditions climatiques, la place qu’il donne au collectif (priorité au tri collectif ou à sa propre portion ? participation à un débat en cours dans l’équipe ou pas ? temps rendu disponible pour un échange avec l’élu du CHSCT ou pas ?)…. La liste est longue (beaucoup plus longue que ces quelques exemples) de tous les éléments qui entrent en ligne de compte dans sa façon de travailler. La prescription de « distribuer le courrier », qui est la raison d’être du métier, ne dit rien des choix que va faire chaque facteur, des priorités qu’il va se donner, des grandes et petites décisions qu’il va prendre. Lorsqu’on fait de l’analyse du travail, on voit en quoi est significative de certains choix la façon de charger un peu plus un vélo, de dire bonjour à un client, de répondre à la question d’un collègue, de se comporter avec un collègue intérimaire…
Et voilà où je veux en venir : par rapport à d’autres métiers, le système du fini-parti joue comme un révélateur parce que le facteur sait que s’il consacre moins de temps aux autres (usagers et collègues) il pourra partir plus tôt. Il lui appartient donc de réguler sa façon de travailler en décidant si, pour lui, raccourcir sa journée de travail est un objectif important ou pas. Bien sûr il n’est pas tous les jours obligé de faire le même choix. Mais sa façon de travailler se ressent vite du poids qu’il donne à cette possibilité de partir plus tôt, donnant sa tonalité générale à son propre rapport au travail et contribuant à celui qu’on ressent sur l’ensemble de la plateforme.
Le triptyque de l’activité
Le « détour » peut paraître long mais il est significatif : on ne peut pas comprendre ce qu’est l’activité d’une personne qui travaille sans entrer dans le détail de ce qui l’agite (les ergonomes appellent cela les « déterminants de l’activité »). Si cette description succincte est à peu près claire, on comprendra sur cet exemple que trois sortes de critères sont convoqués lorsqu’on parle de l’activité : les « valeurs » (ici le rapport aux usagers[5], le rapport aux collègues…), les « savoirs » (de toutes sortes, cela va de la conduite du véhicule à la connaissance de la tournée en passant par les produits de la poste), la situation ( la quantité de courriers à distribuer, l’absence de collègues, la pluie… ).
Ce triptyque (valeurs-savoirs-agir en situation) c’est celui dont Yves Schwartz dit qu’il caractérise tout travail. Et depuis 30 ans que se développent des études et recherches sur les situations concrètes de travail, la démonstration est largement faite : toute personne qui travaille, quel que soit son travail, mobilise en effet toujours, en situation, des valeurs et des savoirs. Chacun des trois éléments (plutôt des constellations d’ailleurs que des éléments) est partie prenante de ce que fait la personne. L’activité c’est ça. Ce carrefour, cette synthèse en acte, permanente et pour l’essentiel inaperçue. Il sera impossible de développer ici, mais il faut rappeler, ou signaler, que cette démonstration a d’abord été faite sur du travail à la chaîne. C’est sur des séquences de travail de quelques dizaines de secondes que des ergonomes ont constaté l’écart entre le travail prescrit et le travail réel et le fait que, dans cet écart, on pouvait par exemple repérer une façon de faire qui tenait compte des collègues. Le philosophe a fait l’hypothèse puis la démonstration de l’universalité de cet écart qui est le signe de l’universalité de l’activité[6].
Mais restons sur notre exemple : quel rapport entre le fini-parti et l’horizon d’émancipation ? Je renvoie résolument la question : qui peut soutenir qu’on pourra valablement se poser la question du maintien ou non du système du fini-parti seulement lorsque les rapports de production auront changé ? Comment ne pas voir que c’est en s’appropriant la problématique de l’organisation de leur travail que les facteurs vont se poser des questions sur les objectifs de ce qu’ils font et sur la meilleure façon de le faire ? Bien sûr ils vont se heurter, dans cette tentative de penser leur travail, à l’obstacle de la recherche de rentabilité financière. Ils s’y heurtent déjà et savent à quoi ils doivent la dégradation de leurs conditions de travail. Les discours généraux à ce sujet ont déjà été tenus, ils sont connus des facteurs et souvent partagés. Mais la limite de ces discours est leur désarticulation du concret des situations de travail, des arbitrages quotidiens, de ce qui occupe les facteurs dans leurs têtes et leurs corps. Impossible de faire l’expérience qu’on peut contrer la dégradation des conditions de travail si la force est absorbée par la dénonciation de la souffrance causée par le capitalisme. Or, dans le cas des facteurs, le système du fini-parti conduit à ce que la dénonciation de la souffrance et l’impuissance à y faire face renforcent le mécanisme individualisant. Pour moins souffrir, le facteur a la ressource de partir encore plus vite et de fuir son lieu de travail.
Je suggère qu’on regarde sous cet angle la propension épidémique à fuir les temps en commun, à ne pas se poser la question de la construction des « collectifs »[7]. Ce qui est vrai des facteurs pourrait être dit des enseignants par exemple, qui ne connaissent pas le système du fini-parti mais qui ont la possibilité de « choisir » entre plus ou moins de collectif. Cela peut être dit de tous les métiers qui ont plus de latitude qu’on ne le dit quant à l’organisation de leur temps. Et si l’on regarde au cas par cas, on se rend compte que cela concerne beaucoup plus de monde qu’on ne l’imagine. On ne fuit pas l’en-commun par désintérêt ou indifférence. On fuit l’en-commun lorsqu’il n’aide pas à vivre.
Le point de vue change si l’on voit les salariés non pas comme des gens qui souffrent mais comme des gens qui font des choix quotidiens, des « êtres d’activité », qui ne se contentent pas de subir (même si, aux syndicalistes, ils parlent de leurs souffrances) mais qui s’inventent des moyens de ne pas subir, ou de subir le moins possible. En 1947, écrivant un article sur le livre de G. Friedmann Le travail en miettes, qui portait une condamnation du taylorisme, le philosophe Georges Canguilhem écrivait : « Tout homme veut être le sujet de ses propres normes »[8]. L’œuvre considérable de Canguilhem est dédiée à cette idée qui va à contre-courant de ce qui domine : l’être humain est un être « normatif », c’est-à-dire qu’il se donne ses propres normes et ne se contente jamais de subir son environnement ou sa situation. Observer un être humain qui travaille c’est donner de la chair à ce propos de Canguilhem.
Nous sommes tous des êtres d’activité cela veut dire que nous essayons tous, quoique nous fassions, de construire un monde vivable pour nous. Cette phrase n’est pas à lire comme un constat moral. « Un monde vivable » n’est pas à entendre au sens où le disent les militants qui sous-entendent un monde de solidarité et de coopération. Tout autant je ne veux pas dire qu’en dehors des militants un monde vivable est un monde égoïste. Le plus difficile est précisément qu’on entende « monde vivable » sans le connoter. Bien sûr chacun le connote pour son propre compte. Mais ce que nous faisons circule, pour chacun d’entre nous, dans ce triptyque « valeurs, savoirs, agir en situation » qui fait que nul n’est à la place des autres, nul ne peut juger à la place d’un autre des choix qu’il fait. Tout au plus pouvons-nous travailler à prendre conscience de nos choix pour partager, autant que possible, la compréhension de ce qui nous fait agir de telle ou telle façon et vérifier alors que ce sont les bons choix. Pour en changer si nécessaire.
La place vide du concept d’activité
C’est en cela que l’activité de travail est un lieu d’observation exceptionnel. On n’y fait pas ce qu’on veut, on n’y fréquente pas qui on veut, on a à construire avec des humains qui sont des êtres d’activité, qui prennent des décisions venues d’autres configurations que la nôtre. Et il faut ensemble atteindre des résultats. On n’avance pas si on ne discute pas, voire si on ne se dispute pas, s’il n’y a pas parfois des accrocs sur la conception du travail et la capacité de les surmonter. L’expérience m’amène à penser qu’on travaille mieux avec des personnes avec qui on est loin de tout partager. Cela oblige à s’expliquer, à aller se chercher. C’est ainsi que se construit l’activité individuelle et collective.
Au début du texte, j’ai parlé de l’activité « en train de se penser » parce que le concept d’activité est en fait nouveau. L’ergonomie a montré l’écart entre le prescrit et le réel, mais elle étudie les opérations de travail pas la subjectivité des travailleurs. La psychologie du travail est au contraire centrée sur la subjectivité mais paradoxalement ne connaît pas forcément le travail. L’un des problèmes de toutes ces disciplines qui nous font avancer sur la compréhension de l’humain, au-delà du travail, c’est qu’elles sont aujourd’hui mobilisées sur un travail malade. On ne pense pas beaucoup à s’intéresser au travail lorsque tout va plutôt bien. C’est pourtant là qu’on voit le mieux comment se construisent des collectifs.
Un autre de leurs problèmes est la surdité impressionnante du monde militant à ce concept d’activité, et plus généralement à ce qui se joue dans les situations de travail. Il est souvent reproché aux « militants de la mise en visibilité du travail »[9] de sous-estimer l’exploitation et de croire abusivement que le micro est suffisant pour comprendre le macro. C’est un jugement étrange (mais logique puisque porté de l’extérieur) car c’est au contraire en y regardant de très près qu’on voit pourquoi l’exploitation, par exemple, ne provoque pas de révolte. Ce n’est pas que les salariés ne la voient pas. Le discours critique dans les entreprises est souvent virulent, mais il est différemment virulent de celui des politiques. Son grain est différent. Il est fréquent que les salariés renvoient dos à dos les discours managériaux et politiques qui font tous les deux l’impasse sur le concret du travail.
C’est aussi la raison pour laquelle nombre de syndicalistes sont devenus des chercheurs dans le domaine du travail. Il n’est pas rare qu’on ait l’impression qu’il se joue sur ce terrain des transformations que ne voient pas les politiques. J’en fais partie, non pas des syndicalistes reconvertis mais des (ex)militants qui ont fini par ne plus comprendre comment on pouvait se passer de cette compréhension.
A ceci près que la pratique de l’analyse du travail permet de comprendre que les militants circulent eux aussi dans le triptyque de l’activité. A l’évidence ils sont eux aussi au travail[10]. On sait qu’ils sont souvent soumis à l’urgence de la situation. Mais eux aussi mobilisent des valeurs et des savoirs pour l’essentiel non connus d’eux-mêmes et infiniment plus divers qu’ils ne s’en rendent compte. C’est par exemple une illusion de croire qu’on partage les mêmes valeurs parce qu’on défend des idées qui semblent proches. Mais on oublie plus facilement qu’ailleurs qu’on ne fait pas de la politique seulement avec des « valeurs ». On passe son temps à faire des choix qui tiennent compte aussi des autres éléments du triptyque.
En conclusion, je laisse la parole à Lucien Sève[i], qui veut faire entendre la dimension anthropologique de l’œuvre de Marx. Dans son ouvrage L’homme ? Il annonce une réévaluation, dans sa propre élaboration théorique, de la question du travail, en reconnaissant lui avoir accordé trop peu d’importance malgré les questions que lui pose Schwartz depuis l’origine de leurs travaux respectifs. Et il soutient que le mot le plus utilisé dans le texte marxien, et de très loin, n’est ni le mot praxis ni le mot « pratique », mais Tätigkeit…en français « activité ». Le début d’une re-considération ?
Christine Castejon, philosophe et analyste du travail. Publié dans Contretemps n°22.
[1] Cf. Alain Berthoz, La décision, Odile Jacob, 2003.
[2] La cour administrative d’appel a demandé le retrait du règlement intérieur de la Communauté Urbaine de Marseille de la clause portant sur le « fini-parti » des éboueurs, parce qu’il s’agit d’une clause qui aurait dû être soumise au vote des conseillers communautaires, dans la mesure où elle « a pour effet de modifier le temps de travail ». La presse a largement fait écho à ce jugement.
[3] En réalité le principal problème est celui de la sécurité, dans un contexte de charge accru, parce que le fini-parti peut inciter à accélérer le travail. C’est le reproche fait aux éboueurs de Marseille. Comme on peut s’y attendre les medias ont beaucoup simplifié le problème, comme chaque fois qu’il est question de travail. Par exemple en évoquant une « pratique » alors que celle-ci fait partie d’un ensemble qui me fait parler d’un « système ». Mon objectif n’est pas ici de discuter le système mais juste de m’en servir pour expliquer la notion d’activité.
[5] Le simple fait de ne pas vouloir les appeler des clients est déjà significatif, mais paradoxalement l’inverse n’est pas vrai : en parlant de « client » au lieu d’usager, un facteur peut vouloir signifier la qualité d’une relation et non pas sa reddition à l’obsession de rentabilité.
[6] Pour plus de développements http://www.ergologie.com/
[7] Entre guillemets aussi parce que, comme « activité », le terme est plus consistant quand on s’intéresse au travail qil ne l’est dans le langage courant.
[8] Canguilhem Georges, « Milieu et Normes de l’Homme au Travail » in Cahiers internationaux de sociologie, 1947, p.135.
[9] Voir présentation de l’intervention de Yves Schwartz à Espaces Marx le 2 avril 2014. « Où se trouvent les réserves d’alternative ? Travail et projets–héritages ».
[10] Briec Cécile, Thèse pour le doctorat de psychologie du travail, « Syndicalisme : « l’impersonnel » à l’épreuve. Le cas d’une section départementale du SNUIPP-FSU » inédit, oct. 2013, p. 215.
11 L.Sève : L’homme ? Penser avec Marx aujourd’hui, tome II, 2004