Pour une riposte urgente contre l'islamophobie

Tout le monde (ou presque) à gauche condamnera l'opération en cours de stigmatisation des Musulmans, lancée au moment même où chacun et chacune essaie de profiter des dernières semaines de vacances. Au moins je l'espère. Il est intolérable de voir des policiers aller délibérément sur des plages chercher des femmes portant des vêtements jugés trop 'religieux' afin de les verbaliser. Mais ce dernier exemple d'un acharnement typiquement français (mais qui encouragent les islamophobes de tous poils dans d'autres pays) ne doit pas nous faire oublier que l'exclusion des femmes voilées du système éducatif, de la fonction publique, de l'emploi dans le secteur privé, est encouragée et organisée au plus haut niveau y compris de l'Etat, et pas seulement par quelques maires appartenant à la frange la plus hystérique de la droite sarkoziste ou lepeniste. Non, le vrai clivage, à mes yeux, et en tout cas le seul qui m'intéresse vraiment, est aujourd'hui entre ceux et celles qui vont condamner cette offensive islamophobe verbalement (avec toutes les précautions d'usage, bien évidemment), peut-être pondre des communiqués, tout en cherchant à relativiser l'importance de l'islamophobie, à justifier la discrimination et l'exclusion des femmes et des filles voilées dans tel ou tel domaine - entre ceux et celles-là, qui vont encore proposer des débats sur la signification de la voile, sur la tradition laïque et républicaine, sur je ne sais pas quoi, pourvu que cela repousse le jour où il faut agir, et ceux et celles qui sont prêt.e.s à s'engager concrètement et à faire engager leurs organisations. Il faut donc que l'Equipe d'Animation Nationale d'Ensemble! se jette à l'eau (sans jeux de mot sur le 'burkini') et propose un plan d'action au NPA et aux autres organisations de la gauche radicale. Organisons un meeting commun sur la base d'une courte déclaration, produisons des tracts, des badges, des auto-collants (Non à l'islamophobie, au racisme antimusulman, Défendons les femmes voilées contre les racistes, Retrait des arrêtés de la honte ...), utilisons les réseaux sociaux, unissons-nous avec des associations et des mouvements qui luttent contre l'islamophobie sur la base d'un accord minimal. Etant entendu, bien sûr, que si d'autres organisations tergiversent, nous devrons agir seuls. (Et comme j'entends déjà les objectons, j'ajouterai que rien dans ce que j'ai dit implique que nous ne devons pas agir à chaque manifestation avérée d'un autre racisme - à commencer par la manifestation du 4 septembre contre les agressions anti-chinoises.)