Processus de démilitarisation pour une paix durable
Pour vivre, la Paix doit se déployer dans chaque pays comme un processus de démilitarisation de l’économie, des rapports sociaux et des relations internationales. Les exigences du complexe militaro-industriel et des producteurs et marchands d’armes s’expriment à l’identique dans toutes les langues. L’art de la guerre signifie l’art de la domination des groupes richissimes apatrides. Cette domination étant garantie par des traités ad hoc de consentement des états et/ou par la violence organisée sous toutes ses formes, des plus cruellement raffinées et sophistiquées aux plus sadiquement « propres » et robotisées. Les objectifs de l’art de la guerre se résument à « toujours plus de profits pour les puissants et exploiteurs ». Obama au Japon, Hollande-Merkel à Verdun, les « grands » adorent commémorer. Ils lâchent, ici et là, quelques paroles de tonalité pacifique. Condamnent-ils les profiteurs, criminels et fauteurs de guerre ? Non, jamais.
Les « grands » compatissent aux morts. Dans leurs actes, ils soutiennent leurs respectifs fabricants et marchands d’armes pour assouvir leurs propres ambitions de domination. Les dépenses militaires mondiales s’évaluaient à 950 milliards de dollars en 1999. Elles atteignent 1800 milliards en 2015 ! Hollande a revêtu les habits de « chef de guerre ». Au nom de la lutte contre le terrorisme, il utilise les peurs, généralise la « surveillance », promulgue l’état d’urgence, limite les libertés, réactive le 49-3 et le financement des polices et armées. A la hausse depuis 2002, le budget militaire de la France tutoie désormais les 32 milliards d’euros en 2015. Selon le vœu de l’Otan, les « fous de guerre » voudraient le porter à 36 milliards ! Hollande assène « nous sommes en guerre » avec l’appui des Dassault et autres groupes industriels et financiers. Peu scrupuleux des Droits de l’Homme, Hollande voudrait intégrer totalement l’OTAN et « rêve » de la réinstallation de ses bases en France. Il livre armes et Rafale au Qatar, Arabie Saoudite et autres dictateurs. Hollande cultive la bombe nucléaire, « arme immonde du génocide avec préméditation ».
Brexit nucléaire ? Oui, mettre la bombe nucléaire hors-la-loi. Mais, comment se débarrasser des armes nucléaires sans se débarrasser du travail et des salariés ? L’élimination et le démantèlement du nucléaire n’avanceront pas sans la participation des travailleurs, techniciens et ingénieurs. La « Reconversion », c’est-à-dire la définition et mise en œuvre d’activités industrielles civiles de substitution impliquent leur contribution.
En conséquence, proposons la création, au plan national et au plan européen, de groupes de travail pluralistes composés de travailleurs, syndicalistes, militants de la Paix, écologistes, élus locaux et territoriaux, spécialistes des stratégies, économistes, sociologues, ingénieurs, voire de militaires, dont la mission sera :
- la recherche et la définition dans chaque secteur concerné, aéronautique, naval, terre, territoire par territoire, entreprise par entreprise, de projets crédibles de « Reconversion » des activités militaires vers des productions civiles socialement et écologiquement utiles…
- l’introduction des activités, expérimentations, opérations et guerres militaires, dans les « débats » des organismes internationaux qui « réfléchissent » aux alternatives au dérèglement climatique. N’est-il pas aberrant que les diverses instances de la COP21 excluent toujours la dimension militaire de leurs investigations ?
La guerre financière menée depuis la deuxième guerre mondiale par les Etats-Unis au reste du monde demeure la plus dévastatrice des « guerres non militaires ». « Pour contrer l’hégémonie globale du système financier », dans « un examen stratégique », Alain Joxe caractérise la nouvelle donne internationale, les menaces afférentes et les hypothèses de dépassement pacifique. Nous le savons, l’emprise « otanisée » des supranationales sape les bases économiques et territoriales de l’Etat social et met les travailleurs du monde en concurrence. Elle détruit les humains et les équilibres sociaux. Elle endommage la nature et déréglemente le climat. Elle encourage et organise la destruction de toutes les oppositions démocratiques.
La lutte des classes fait rage au plan international. Elle se développe en France. Le mouvement contre la loi Travail, Nuit(s) Debout, les évolutions internationales le démontrent, sans l’intervention des classes ouvrières et populaires européennes, il n’y aura pas de résistances victorieuses. Aussi, prenons à bras-le-corps la construction de la « nouvelle force politique motrice du changement » et proposons une « Unité populaire » capable de construire une République et une Europe sociales, écologiques et pacifiques. Archi-minoritaires, nos adversaires sont organisés. Ils contrôlent les institutions internationales et veulent imposer leur vision (Tafta, Tisa, Ceta, etc…). Le temps n’est-il pas venu de créer une « nouvelle internationale des travailleurs et progressistes pour la Paix, la solidarité, la liberté et le progrès » ? En commençant par l’Europe ?
Louis Aminot
